Valoriser la création photographique et réfléchir à ses pratiques.

Visite commentée de l’exposition Tina Modotti, L’œil de la révolution

Tina Modotti, une photographe d’origine italienne aux multiples vies nomades et fécondes, a eu une carrière fulgurante (entre 1923 et 1930) principalement au sein du Mexique postrévolutionnaire en pleine effervescence politique, sociale et culturelle où elle a développé une forte conscience politique et un style artistique personnel imprégné de profonde humanité après s’être affranchie du formalisme de son compagnon, le photographe Edward Weston.

Nous découvrons dans l’exposition toute la richesse et l’intensité de son court et passionnant parcours tant artistique que dans son engagement radical au sein du parti communiste mexicain dès 1927 qui va peu à peu l’éloigner du monde de l’art. En témoigne son œuvre photographique marquée par la liberté d’un regard et d’un cadrage originaux qui donnent toute la force et le sens de l’image. Sont ainsi présentés des portraits, natures mortes et vues d’architectures aux cadrages et lumières subtils, photographies de la vie du petit peuple mexicain captées au plus près de la réalité humaine, photographies politiques inspirées de ses idéaux d’humanité dénonçant les inégalités et la condition des démunis, portraits des milieux intellectuels et artistiques tels Diego Rivera, Pablo Neruda et autres nombreux personnages qu’elle côtoyait….Le militantisme et l’activisme grandissant de Tina Modotti va la conduire progressivement à renoncer à son art qui tombe dans l’oubli jusqu’à la redécouverte de cette artiste singulière dans les années 1970.

Tina Modotti, un destin de femme artiste libre qui se révèle à travers sa photographie et qui « ne cherche non pas à produire de l’art mais d’honnêtes photographies, sans distorsions ni manipulations » et dont l’engagement politique jusqu’au bout de sa brève vie est tout aussi passionnant à découvrir.

Woman with Flag, 1927, The Museum of Modern Art, New York

Cette visite fut organisé vendredi 5 avril 2024, au Jardin des Tuileries.